Minorités en mode majeur

Serge Moscovici (1996) définit les « minorités actives » comme des sujets sociaux, incubateurs de collectifs, possédant leurs propres cadres et visées. Une minorité est dite « active » dès lors qu’elle expose ouvertement ses divergences par rapport aux normes existantes en proposant des modes de pensée ou des comportements nouveaux. Au fond, les minorités actives sont descriptibles comme productrices et réformatrices du sens commun et de la pensée majoritaire.

Elles disposent d’une contre-norme et sont disposés à la faire prévaloir. A l’heure des réseaux sociaux, leur potentiel d’influence prend une ampleur croissante. La modification des rapports de force opère toutefois dans deux directions : « de la majorité vers la minorité et de la minorité vers la majorité. En d’autres termes, l’influence, loin d’être un effet unilatéral de la source sur la cible, est un processus réciproque qui implique action et réaction et de la source et de la cible » (Moscovici, 1991, p 82). 25 ans plus tard, les écrits de Serge Moscovici entrent en résonance avec les tendances de fond de la société. Les évolutions de rapports de force, les changements de paradigmes sociétaux et le développement des réseaux sociaux comme nouveaux espaces d’expression et de revendications représentent des transitions et des ruptures de l’environnement qui nous invitent à faire dialoguer sciences de gestion et minorités actives.

Aussi, dans un contexte de crise socio-environnementale, d’émergence de nouvelles vulnérabilités et de revendications croissantes pour davantage d’inclusion, la 3e journée de recherche du GReMOG de l'école de commerce PPA Business School interroge les sciences de gestion au prisme des minorités actives.

Les minorités - qu’elles soient silencieuses ou visibles - questionnent les rôles et les statuts des acteurs économiques et plus largement les paradigmes sociaux dominants (Kilbourne, 2009). De l'innovation au management, du politique au marketing, des ressources humaines à la supply chain en passant par la finance, les minorités actives interrogent les manières de faire, de penser et d’être.

Les sciences de gestion ont tout intérêt à mieux comprendre le potentiel d’influence et de création de valeur des minorités actives. D’abord car celles-ci portent en germe une dynamique d’innovation et de changement social, jouant ainsi un rôle précieux d’agent novateur que les organisations ne sauraient ignorer si elles souhaitent assurer leur pérennité. Ensuite car les minorités actives posent nécessairement la question de l’inclusion. Entre « tyrannie des minorités » et « désordre organisateur », elles conduisent les organisations à interroger les modes d’influence possibles entre majorité et minorité et les modalités selon lesquelles elles peuvent créer de la valeur pour l’ensemble des parties prenantes. Enfin, face à l’urgence de la crise socio-environnementale, les minorités actives peuvent permettre de questionner, de repenser et de réinventer les cadres de pensée et les paradigmes qui soutiennent les sciences de gestion.

Les Rencontres "Research by PPA" mettent l’accent en 2022 sur les minorités qui, au-delà de devenir actives, deviennent influentes et jouent un rôle dans les sphères politiques, économiques et sociétales. Dans cette perspective, sans que cette liste ne soit exhaustive, les communications proposées pourront être les suivantes.

 

Thématiques proposées (non exhaustives)

  • Le Web, nouvel espace de liberté des minorités

  • La prise en compte des minorités dans le discours des candidats à l’élection présidentielle

  • Minorités et cultures de consommation

  • Minorités et management

  • Minorités et innovations

  • Le rôle des minorités dans le contexte de l’Anthropocène

  • Minorités et pratiques de marketing

  • Minorités et finance

  • Inclusion des minorités

  • Minorités, gouvernance et démocratie

 

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